TRACÉS, 2018/2020

Often imagined as a continuous space regularly crossing a hilly and unchanging landscape, the Great Wall of China is resolutely a fragmented construction. Fragmented it is first and foremost because of the sections that compose it, sometimes tourist parks, sometimes military zones controlled by the State, sometimes deserts abandoned by it, sometimes inserted into the urban fabric. It is also fragmented in its design through the materials used, the historical phases of its construction or in its various functions. It is therefore impossible to represent the wall uniformly at the risk of falling into the pitfall of the overrepresentation of a space tainted with anachronisms.
“Tracés” is therefore a plural road, a comparison of these different fragments that have become subjective. This series also refers to traces : those of a walk from Laolongtou on the banks of the Yellow Sea to Badaling (site on the north of Beijing), those left by human activities and by the various restructurings of surrounding locations. These are also the ones referring to its iconography and these mental images that come from our own representations. Finally, "traced" can apply to locals, domestic or foreign visitors, spied and controlled by ubiquitous surveillance video systems. The Great Wall, a changing space, archaic and modern, more than ever a symbol of China in its contrasts and paradoxes.

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Souvent imaginée comme un espace continu traversant de manière régulière un paysage vallonné et immuable, la Grande Muraille de Chine est pourtant une construction résolument fragmentée. Fragmentée elle l’est d’abord de par les sections qui la composent, tantôt parcs touristiques, tantôt zones militaires contrôlées par l’Etat, tantôt désertiques abandonnées par celui ci, tantôt insérées dans le tissu urbain. Elle l’est aussi dans sa conception au travers des matériaux utilisés, les phases historiques de son édification ou encore dans ses différentes fonctions. Impossible donc de représenter la muraille de manière uniforme au risque de tomber dans l’écueil de la surreprésentation d’un espace entaché d’anachronismes.
Tracés se veut donc une route plurielle, une mise en relation de ces différents fragments devenus subjectifs. Cette série fait aussi référence aux traces : celles d’une marche allant de Laolongtou sur les rives de la mer jaune à Badaling (site au nord de Pékin). Les traces sont aussi celles laissées par les activités humaines et les différentes rénovations des lieux environnants, celles qui nous renvoient à son iconographie, comme ces images davantage mentales issues de nos propres représentations. Enfin, tracés ce sont aussi les visiteurs locaux, nationaux ou étrangers, épiés et contrôlés par des systèmes de vidéos surveillance omniprésents. La Grande Muraille, espace en mutation tant archaïque que moderne, encore aujourd’hui plus que jamais symbole de la Chine dans ses contrastes et paradoxes.